Le thème de la soirée : (Se) Soigner par le cinéma? Le film et l'intervenant : L'envoûtement et Nicolas Giuliani, réalisateur Dans un établissement maraîcher qui accueille et emploie des personnes en situation de handicap, un couple d'amoureux, Bruno et Céline, tous deux déficients mentaux, vit paisiblement. Excellent jardinier, le jeune homme vit en symbiose avec la nature, tandis que sa compagne, intuitive et prévenante, veille sur lui, et le rassure à la moindre inquiétude. Un jour, la jeune et jolie Lucie intègre l'équipe des éducateurs. Sans même lever les yeux vers elle, Bruno ressent un violent coup de foudre. Fasciné, envoûté, il épie Lucie, lui dérobe de menus objets qu'il contemple en secret. Céline se compare défavorablement à l'éducatrice et souffre en silence. Une crise finit par éclater lorsque Lucie surprend, un matin au réveil, Bruno blotti dans le cajibi de son appartement. Inscrivant les émois de ses personnages dans la bucolique beauté de la Dordogne, ce triangle amoureux d'une grande délicatesse a été tourné dans un Esat (établissement et service d'aide par le travail), avec des acteurs en situation de handicap. Réalisation et scénario : Nicolas Giuliani Production : Les Films Hatari Pour chercher ensemble : À la suite des ateliers organisés il y a quelques années dans un autre Esat, Nicolas Giuliani rapporte ses impressions : Je rencontrais une quinzaine de résidents. Certains, muets comme des pierres, venaient pour m’observer plus que pour parler. D’autres, comme des écoliers craintifs et scrupuleux, répondaient laconiquement à chacune de mes questions. Mais la majorité se mit à s’ouvrir, à se libérer de ce qui n’avait peut-être jamais été dit, à pleurer parfois. Comme je l’avais pressenti, le fait que je sois inconnu et que je sois là pour ça ouvrait une brèche. Durant ces échanges, l’essentiel se passa hors des mots. Ce fut plus une question de regard que de communication. J’observais quelque chose de la violence et de la pudeur. De la révélation et du secret. Du manque et des interdits. Je voyais les regards couchés, les épaules raides, les mains nouées. J’entendais les débits accélérés et le tumulte intérieur. Il me semblait qu’il y avait dans ces échanges quelque chose qui vibrait plus fort que si j’avais parlé d’amour avec quelqu’un qui n’était pas handicapé, une émotivité extrême accentuée par la difficulté à se faire comprendre... L’énigme de l’amour était là, nue et intouchée, vibrante comme dans un cœur d’enfant. Nous avons été très touchés par le témoignage de Nicolas Giuliani et par ce film l'envoûtement, qui amènent dans les questions très présentes à Let-Know Café ! L’acte de création est-il de l’ordre du soin ? Peut-on soigner des personnes en les impliquant dans un film? dans une œuvre d'art? Peut-on se soigner ou prendre soin de soi en impliquant des personnes dans un film? dans une création artistique? Nous aborderons là des questions diffuses, délicates, difficiles à situer... Tout ce que l'on aime ! Sûrement un très bon débat en perspective et un très bon temps de recherche collective ! En savoir plus sur Nicolas Giuliani et le projet !