NOs conseils de lecture
Politique
ARENDT Hannah. [1993] 2014. Qu’est-ce que la politique ?
Il faut là se laisser aller vers cette idée défendue par l’auteur que l’égalité entre les personnes est une condition nécessaire pour que ces personnes puissent décider ensemble d’une organisation commune (par exemple des soins), c’est-à-dire pour faire de la politique. Cette égalité permet à chacun des protagonistes d’être libres. Sans liberté, la participation politique perd de son sens. Dans la contrainte, l’entrave, il n’est pas possible d’organiser une vie en commun qui soit juste et fraternelle. Un positionnement qui éclaire particulièrement la question des inégalités, notamment dans l’accès aux soins.
ARENDT Hannah. [1993] 2014. Qu’est-ce que la politique ? Paris : Éditions du Seuil. 307 p.
FASSIN Didier, BOURDELAIS Patrice (2005). Les constructions de l’intolérable.
Voilà un ouvrage collectif qui touche là où ça fait mal : pourquoi et comment tolérons nous aujourd’hui l’intolérable ? Et qu’est-ce que l’intolérable ? Les auteurs avancent que l’intolérable réside précisément dans le décalage entre une représentation de l’humanité et la réalisation de cette humanité. À méditer ! On a particulièrement aimé l’article de Didier Fassin, « L’ordre moral du monde, Essai d’anthropologie de l’intolérable ». À lire !
FASSIN Didier, BOURDELAIS Patrice (2005). Les constructions de l’intolérable. Études d’anthropologie et d’histoire sur les frontières de l’espace moral. Paris : La Découverte, 230 p.
FASSIN Didier (2005). Faire de la santé publique.
Ce petit livre reprend la conférence inaugurale que l’auteur a prononcée le 8 décembre 2014, lors des journées de l’École nationale de santé publique (ENSP) à Rennes. Il vise à montrer ce que c’est que de faire de la santé publique, c’est-à-dire, comment elle est faite au quotidien. Il rappelle dans le cœur de son propos, qu’« avant d’être un savoir, la santé publique manifeste un pouvoir » (p. 20). Il se lance ensuite, dans une allure plus sociologique, à illustrer que la santé publique reste avant tout une pratique culturelle. Un ouvrage trop court, mais du coup facile à lire.
FASSIN Didier (2005). Faire de la santé publique. Rennes : Éditions ENSP, 58 p.
HOURS Bernard (2002). Domination, dépendances, globalisation. Tracés d’anthropologie politique.
Ce livre est l’un de ceux que nous aimons le plus. L’auteur fait dire à l’anthropologie ce que nous aimons entendre d’elle, c’est-à-dire, ce qui colle à nos interprétations du monde. Les rapports Nord-Sud sont mis là en perspective pour élaborer une anthropologie politique qui se demande si la globalisation constitue une nouvelle forme de domination créatrice de dépendance, ou si elle n’est qu’un épisode de l’imposition des normes occidentales au reste de la planète. Passionnant !
HOURS Bernard (2002). Domination, dépendances, globalisation. Tracés d’anthropologie politique. Paris : L’Harmattan, 177 p.
MARQUIS DE SADE (2014). Français, encore un effort si vous voulez être républicains…
Voilà un petit texte du Marquis de Sade extrait de « la philosophie dans le boudoir », récit sous forme théâtrale de l’éducation libertine d’une jeune femme. Dans cet écrit, Sade pousse l’exercice de la raison jusqu’à ses plus extrêmes conséquences, à défendre des choses que presque tous pensent indéfendables. Mais si on maintient ce texte dans son contexte originel de l’espace clos du boudoir où les passions se déchaînent sans frein, nous sommes à la fois saisis par l’originalité de l’argumentaire et par la qualité de l’écriture. Nous vous conseillons particulièrement le passage sur les bienfaits du vol et la question de l’égalité parmi les citoyens (p. 36) qui éclaire de fort belle façon la question du soin de l’autre. À lire l’esprit grand ouvert !
MARQUIS DE SADE (2014). Français, encore un effort si vous voulez être républicain… Paris : Mille et une nuits, 93 p.
OLIVIER de SARDAN Jean-Pierre (1995). Anthropologie et développement.
Voici un autre exemple d’une anthropologie qui se veut une critique des actions de santé publique et du développement. Il en ressort une tentative d’anthropologie appliquée qui aimerait contribuer à améliorer la qualité des services proposés aux populations. L’approche est très distanciée, mais elle a le mérite de se risquer à une intention de collaboration entre les sciences humaines et les acteurs du développement sur le terrain.
OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre (1995). Anthropologie du développement. Essai en socio-anthropologie du changement social. Paris : Karthala, 221 p.