COUP de cœur - Je n'écris plus, les mots deviennent pas....
Emmanuelle Mellon-Barraud
Hiver 2024
Je n’écris plus
les mots deviennent pas
le ciel n’écrit pluie.
Plus de portées verticales
pour accrocher
le chant des merles.
Printemps en janvier
Faut il s’en soucier?
Se laisser faire,
se faire terre,
Jachère.
Arroser le tout
d’un nuage poésie.
Ce matin,en partant, j’ai accroché le fil de mes pensées au tronc du marronnier, je me suis laissée détricotée en pédalant d’un coin de nature à à un autre coin de nature. Un nuage s’est occupé de l’espace entre-ouvert ….et j’ai fait miennes
les paroles de Roberto Juarroz qui venaient retricoter quelque chose en moi, comme un voile,une toile….
« Je ne comprends pas la distance . Comment comprendre l’espace qui me sépare de l’arbre, si son écorce dessine les lignes qui marquent ma pensée.
Comment comprendre la parenthèse qui va du nuage à mes yeux, si les figures du vent diluent le temps serré de ma petite histoire.
Comment comprendre le
cri pétrifié qui gèle toutes les paroles du monde. Si de même il n’est qu’un seul silence, il est de même une seule parole.
Je ne comprends pas la distance . L’ultime preuve en est l’espace qui sépare en deux vies ton existence et la mienne. » RJ
Cette poésie irrigue ma terre en jachère.
Plonger les deux pieds dans ces feuilles d’automne qui n’en finissent pas de ne pas geler pour retourner à la terre et porter les fruits du printemps.
Ces feuilles où tant est inscrit au fil de leurs nervures.
Alors j’essaie d’ouvrir les yeux,
comme le périscope de mon cœur
sur ce monde qui attend un regard
pour le rendre encore plus vivant
arroser d’amour
les bourgeons de demain
et accueillir le vert,
plein d’espérance,
des brins d’herbe,
à l’ombre des cèdres.