Aller au contenu
Jean Faya Nouvelle de recherche et la joie

Nouvelle de recherche : Et la joie ?!

Jean Faya

Printemps 2024

Vous savez depuis les dernières nouvelles qu’à Let-Know Café il y a des mots qui flottent autour de nos murs dans l’impatience que nos yeux et nos cerveaux comprennent qu’il faut les voir et les penser. Et bien figurez-vous qu’il y a aussi des disciplines entières qui sont là attendre que l’on comprenne. Cela fait bien rire Socrate qui décidément se régale de notre spectacle perché sur sa balançoire. La danse est une de ces disciplines. Depuis plusieurs années elle envoie des messages. Sa patience est payante et nous commençons à comprendre. Et même à investiguer. Ainsi j’ai pu en observateur assister à une journée d’un stage de danse Contact Improvisation proposé par l’association Helix. Si vous ne connaissez pas, prenez le temps de regarder quelques vidéos sur cette discipline. C’est une danse, souvent en duo, basée sur l’improvisation, l’écoute réciproque et la coopération. Les participants jouent avec leurs corps en contact, avec l’apesanteur, l’équilibre, le déséquilibre, les élancements, dans l’écoute de la situation présente… J’ai été frappé de voir cette façon d’être en lien, tout à fait inédite dans notre société, où le contact est cherché sans être esquivé, où le toucher et l’enlacement font vivre l’intercorporéité et la synergie entre deux êtres, celles que nous fait travailler de longue date Maurice Merleau-Ponty. Il s’expérimente comme dans une sorte de laboratoire, un territoire nouveau, une harmonie originale du lien et de la relation. Mais surtout, ce que j’ai vu se dégager de cet exercice est une expression de la joie et du jeu, une façon enjouée de vivre son corps, une mêlée rieuse d’adultes quand je ne connaissais que celles des enfants. J’ai eu l’impression d’être au strict opposé de la situation du malade, où la souffrance éteint, renferme, appelle l’isolement, instaure la tristesse et la grimace. Alors je me suis dit, c’est simple, pourquoi ne pas proposer au malade de passer de la situation de maladie à la situation de la joie ? Simple comme bonjour ! Qui sait, peut-être guérirait-il ?
Et comme par magie, un livre s’est invité : « Les actes de la joie. Fonder, aimer, rêver, agir » du philosophe Robert Misrahi. L’auteur avance qu’en notre être le plus profond, nous sommes désir de libre joie. Et que la plus intense activité d’être est celle à laquelle notre conscience a accès lorsque nous sommes dans la joie. Mais la joie doit se fonder, doit se désirer. Robert avance que par le désir de la joie, un mouvement vient toujours en chaque vie, en chaque être, où le sujet sort de sa nuit pour s’allier au visible. Le monde alors fait irruption dans la lumière. L’être ramassé, grimaçant se déploie.
C’est une Invitation à réfléchir à son aptitude à la joie comme source, motivation, principe fondateur et souverain de ses actions. Comme pour les danseurs du contact-impro, il s’agit de changer son regard, son rapport à l’autre en investissant le domaine du joyeux. Il s’opère alors selon Robert Misrahi une sorte de transmutation alchimique qui est commune pour lui à l’acte poétique, celui que l’on sollicite à Let-Know Café pour soigner. Aussi le temps qu’avec les amis danseurs, nous concevions des séances thérapeutiques genre contact-joie-poésie, je m’essaie à cette alchimie en consultation, je teste mon aptitude à la joie. C’est assez simple en fait : juste se dire le plus souvent possible : et si là je mettais de la joie ? Et alors, par des petites touches d’humours et de sourires lancés ou accueillis, effectivement la situation s’en trouve changée. Pas si simple quand le fou rire s’invite ! Cela nous le pensons, a trait au soin. C’est une voie de recherche de Let-Know Café.

Jean Faya

logo let know café

Let-Know Café
22 rue de l’Annonciade
69001 Lyon

info@letknowcafe.org

© Let-Know Café – Mentions légales – Réalisation du site internet : Clémentine Seïté