Sculpter d’après modèle vivant amène à remettre en cause ses représentations de l’humain. En créant le premier homme, l’homme primitif, asocial, naturel, une sculptrice découvre ce qu’elle porte en elle et remet en cause la représentation qu’elle se faisait de la masculinité. Elle change dès lors son rapport à tous les hommes. En sculptant un homme malade, la sculptrice travaille la matière et, par la vertu du regard, investit l’espace de la création pour donner à la pulsion de vie une telle intensité que le corps supplicié est transfiguré. Sculpter la nudité, alors que des événements violents se déchainent dans la société, c’est permettre de créer un espace relationnel sacré et inviolable. La matière aussi, par des actes symboliques, permet de travailler sur des douleurs corporelles profondes, car la terre, souple, tendre, associe toujours le corps et l’esprit.
Avec Valérie Rossignol, écrivaine et sculptrice
Le rendu de la rencontre est son enregistrement audio ci-dessous :