La République - Il fallait voter Hölderlin ! Par Jean Faya (AUDIO)

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Date de l’événement: 
Vendredi, 6 Mai, 2022 - 19:30
Lieu de l’événement: 
Let-Know Café, 22 rue de l'Annonciade, 69001 Lyon
Entrée: 
Inscription conseillée

 

Ce soir, la porte est ouverte. Libre à chacun d’entrer. Nous pourrons échanger sur ce que nous voudrons, et sur le soin et la politique. Car oui, le soin, c’est tout autant une relation thérapeutique qu’une organisation entre nous, une organisation sociale, décidée, choisie, donc une organisation politique. Et du soin de l’autre au prendre soin d’une population, il n’y a qu’un petit pas. Le petit pas qu’il faut pour que celui qui soigne prenne conscience que son activité peut inspirer le champ politique tout entier. Ce débat entre nous sur le soin comme chose publique, Res Publica, instaure la République de Let-Know Café, autant qu’il contribue à notre travail de recherche. Il s'agit bien là de s’engager dans un travail qui vise à définir ce qu'est une politique de soin. Et comme il serait bon que la politique réenchante le monde, alors allons-y !

 

Il fallait voter Hölderlin !

 

Le 14 juillet 1790, sur les bords du Neckar, un des affluents du Rhin, trois amis enthousiasmés par la révolution qui se déroule à Paris, quittèrent la chambre qu’ils partageaient ensemble au Grand Séminaire protestant de Tübingen, pour aller planter un arbre qu’ils baptisèrent l’arbre de la liberté. Ces trois amis avaient 20 ans. Eux n’auraient eu aucun sourire en coin, n’auraient vu aucune naïveté à l’évocation de la République de la poésie sur laquelle nous travaillons à Let-Know Café. Car eux-mêmes brûlaient de cette idée. Ils la travaillaient de toute la force de leur esprit.
Ils s’appelaient Friedrich Hölderlin, Friedrich Wilhelm Joseph Schelling, Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Ces trois-là allaient marquer profondément la pensée moderne.

Je vous parlerai du poète Hölderlin, qui a passé sa vie à tendre la production poétique vers une certaine forme de conscience politique et, plus largement, de la conscience d’exister et d’agir dans le monde des hommes. Pour lui, le poète a la charge de reprendre la langue imagée des débuts de l’humanité, devenir un personnage public, aussi important que les politiques, dont la tâche principale consistera à assurer la cohésion du corps politique en lui conférant une nouvelle unité d’esprit. Soin des esprits, une politique de soin ?

Jean Faya

 

"La poésie acquiert ainsi une dignité plus grande, elle reprend à la fin sa fonction première – celle d’instruire l’humanité ; car la philosophie, la science et l’histoire disparaîtront, seule la poésie survivra à toutes les sciences et à tous les arts.[…] Les idées qui ne se présentent pas sous une forme esthétique, c’est-à-dire mythologique, n’ont pas d’intérêt pour le peuple, et inversement, une mythologie qui n’est pas raisonnable est pour le philosophe un objet de honte. Ainsi les gens éclairés et ceux qui ne le sont pas finiront par se donner la main, la mythologie doit devenir philosophique, afin de rendre le peuple raisonnable, et la philosophie doit devenir mythologique, afin de rendre les philosophes sensibles. Alors seulement on verra s’instaurer parmi nous l’unité éternelle. Plus de regard méprisant, le peuple ne tremblera plus devant ses sages et ses prêtres. Alors seulement on verra s’épanouir uniformément toutes les forces, celles du particulier comme celles de tous les individus. Aucune force ne sera plus réprimée, la liberté et l’égalité régneront partout ! – Un esprit supérieur, envoyé du ciel, doit fonder cette nouvelle religion parmi nous, elle sera la dernière, la plus grande œuvre de l’humanité."

(Le plus ancien programme de l'idéalisme allemand, coécrit par Hölderlin, Hegel et Schelling, trad. de D. Naville, Œuvres, p. 1158).

 

Le rendu de la rencontre est son enregistrement audio ci-dessous :

Intervention de Jean Faya :

Débat :