Anthropologie et santé publique
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ALAM Thomas, GURRUCHAGA Marion (dir) (2015). Collectivités, territoires et santé. Regards croisés sur les frontières de la santé.
Voilà un livre intéressant pour toute personne désireuse de comprendre comment fonctionne notre système de santé. On y parle beaucoup de gestion de la santé, d’organisation des pouvoirs en santé, de distribution des compétences, des compétences apparentes, manifestes, réelles, ou des compétences dont s’emparent certaines collectivités. Le cœur du programme est là d’interroger le système de santé essentiellement à travers la problématique de sa gouvernance. La lecture est, il faut le dire, un peu austère, mais elle est riche d’enseignements.
ALAM Thomas, GURRUCHAGA Marion (dir.) (2015). Collectivités, territoires et santé. Regards croisés sur les frontières de la santé. Paris : L’Harmattan, 412 p.
CORIN Ellen, BIBEAU Gilles, MARTIN Jean-Claude, LAPLANTE Robert (1990). Comprendre pour soigner autrement.
Cet ouvrage porte sur un terrain du Nord du Québec, région qui connaît la régression des activités traditionnelles, le chômage et la carence des services sociaux. Les auteurs montrent comment les planificateurs de programmes de santé supposent qu’il existe une correspondance entre problèmes et besoins de service, et que les connaissances objectives fournies par l’épidémiologie sont suffisantes pour fonder l’adaptation des services de santé aux réalités locales et régionales. Et ? Eh ben, les anthropologues de la santé, à l’unisson, nous invitent à sortir de ce « réalisme naïf » !
CORIN Ellen, BIBEAU Gilles, MARTIN Jean-Claude, LAPLANTE Robert (1990). Comprendre pour soigner autrement. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
DOZON Jean-Pierre et FASSIN Didier (2001). Critique de la santé publique. Une approche anthropologique.
Voilà un bon bouquin qui illustre le travail classique des anthropologues face à la santé publique : bien critique, dénonçant la régulation des corps et le biopouvoir, pensant les améliorations, glissant quelques leçons. Bon, c’est effectivement une porte d’entrée possible pour l’anthropologie. C’est intéressant de le lire, en tout cas.
DOZON Jean-Pierre, FASSIN Didier (2001). Critique de la santé publique: une approche anthropologique. Paris : Balland.
FABRE Gérard (1998). Épidémies et contagions.
Voilà un livre qui est une valeur sûre. Gérard FABRE cherche à faire le lien entre plusieurs épidémies très différentes pour en dégager leur singularité. La contagion suscite peur et déni, et met la société à l’épreuve. C’est là une grille de lecture bien intéressante pour lire les enjeux incessants des maladies infectieuses dans notre quotidien.
FABRE Gérard (1998). Épidémies et contagions. L’imaginaire du mal en occident. Paris : PUF, 239 p.
FARMER Paul (1996). Sida en Haïti. La victime accusée.
Voilà un bouquin que les anthropologues de la santé adorent, comme ils adorent critiquer les faits d’arme de la santé publique. Mais il est vrai que ce livre est intéressant. Il retrace l’histoire des représentations de l’épidémie de sida en Haïti dans les années 80. Le 4 mars 1983, avant même la découverte du virus, le Center for Disease Control (CDC) d’Atlanta désigne quatre groupes à risque responsables de la transmission de la maladie : les homosexuels, les Haïtiens, les hémophiles et les héroïnomanes (baptisés « le club des quatre H »). Il s’en suit une stigmatisation grave des Haïtiens aux États-Unis. Et l’auteur montre que plutôt que d’accuser les Haïtiens, il serait plus juste de les considérer comme victimes d’une épidémie dont l’origine serait vraisemblablement due au tourisme homosexuel américain à Port au Prince et l’utilisation de lots de sang contaminé.
FARMER Paul (1996). Sida en Haïti. La victime accusée. Paris : Khartala (« Médecines du monde »), 414 p.
FASSIN Didier (2005). Faire de la santé publique.
Ce petit livre reprend la conférence inaugurale que l’auteur a prononcée le 8 décembre 2014, lors des journées de l’École nationale de santé publique (ENSP) à Rennes. Il vise à montrer ce que c’est que de faire de la santé publique, c’est-à-dire, comment elle est faite au quotidien. Il rappelle dans le cœur de son propos, qu’« avant d’être un savoir, la santé publique manifeste un pouvoir » (p. 20). Il se lance ensuite, dans une allure plus sociologique, à illustrer que la santé publique reste avant tout une pratique culturelle. Un ouvrage trop court, mais du coup facile à lire.
FASSIN Didier (2005). Faire de la santé publique. Rennes : Éditions ENSP, 58 p.
FASSIN Didier (2000). Les enjeux politiques de la santé. Études sénégalaises, équatoriennes et françaises.
L’auteur a ici le beau projet de mettre à l’épreuve trois de ses différents terrains pour faire l’analyse des pratiques politiques autour de la santé, au quotidien, pour comprendre les réponses des groupes dominés aux mécanismes de la domination. Ce qui compte là, « c’est le rapport historiquement constitué entre l’être physique et psychique, d’un côté, le monde social et politique, de l’autre ». (p. 10). Penser l’anthropologie de la santé comme un anthropologie politique. Excellent ! À mettre entre toutes les mains !
FASSIN Didier (2000). Les enjeux politiques de la santé. Études sénégalaises, équatoriennes et françaises. Paris : Karthala, 344 p.
FASSIN Didier (dir.) (1998). Les figures urbaines de la santé publique, enquête sur des expériences locales.
L’auteur invite les contributeurs de cet ouvrage à mettre en lumière les configurations professionnelles, politiques, sanitaires qui expliqueraient l’émergence de nouveaux services de santé publique dans les villes. Ils s’attachent à décrire la « production locale de santé publique ». La santé publique serait alors le « dernier langage du social » où le bio-pouvoir serait à remplacer par la bio-légitimité. Trop bien !
FASSIN Didier (dir) (1998). Les figures urbaines de la santé publique, enquête sur des expériences locales. Paris : La Découverte, 237 p.
FASSIN Didier (1996). L'espace politique de la santé. Essai de généalogie.
L’anthropologie de la santé s’est beaucoup attardée sur le fait que la maladie constitue, au-delà de son organicité, un événement universellement fondateur d’une quête de sens. Didier FASSIN initie par cet ouvrage un mouvement nécessaire de la discipline vers les aspects proprement politiques de la maladie et des soins. Il ouvre les portes aux visiteurs de « l’espace politique de la santé ». On y parle de l’inscription de l’ordre social dans les corps, des mécanismes de légitimation des thérapeutes, de gestion collective de la maladie… Lecture indispensable pour comprendre le soin.
FASSIN Didier (1996). L’espace politique de la santé. Essai de généalogie. Paris : PUF (« Sociologie d’aujourd’hui »), 324 p.
FASSIN Didier et HAURAY Boris (2010). Santé publique. L’état des savoirs.
En voilà, un gros pavé ! Il aurait pu être deux ou trois fois plus gros tant l’objet étudié est vaste et imprécis. Les contributions sont très diverses. Et beaucoup de thèmes sont abordés dans un surprenant souci d’exhaustivité. Il est certain que vous trouverez dans cette masse-là quelques pages qui vous intéresseront.
FASSIN Didier, HAURAY Boris (2010). Santé publique. L’état des savoirs. Paris : Inserm, La Découverte, 536 p.
GRMEK Mirko (1989). Histoire du sida. Début et origine d’une pandémie actuelle.
Mirko GRMEK est professeur d’histoire de la médecine et des sciences biologiques à l’École de hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. À partir de travaux sur le monde grec, il s’est fait connaître en supposant l’existence d’un état d’équilibre entre les différentes maladies d’une époque donnée, avec pour chaque maladie une fréquence et une distribution qui dépendent de la fréquence et de la distribution de toutes les autres maladies présentes. Il propose pour cette notion le néologisme de « pathocénose », construit sur le modèle de la notion de biocénose. Et il étend sa théorie à notre époque et à l’émergence du sida, autour de l’année 1977, date retenue pour la disparition de la variole. Ce livre a marqué les esprits par sa pensée libre et originale.
GRMEK Mirko (1989). Histoire du sida. Début et origine d’une pandémie actuelle. Paris : Payot, 392 p.
KECK Frédéric (2010). Un monde grippé.
L’auteur analyse ici l’épisode de pandémie grippale H1N1 de 2009. C’est un exemple intéressant du travail d’un anthropologue contemporain et proche. Son interrogation sur la dimension mythique de l’épidémie est à lire.
KECK, Frédéric (2010). Un monde grippé. Paris : Flammarion, 351 p.
MASSÉ Raymond, SAINT-ARNAUD Jocelyne (2003). Éthique et santé publique. Enjeux, valeurs et normalité.
L’idée n’est pas là de nous enfermer dans quelque code d’éthique, mais les auteurs tentent plutôt une ouverture vers la prise en compte de la pluralité des valeurs et des interprétations des divers acteurs. La promotion de la santé, par exemple, soumet les populations à une forme de normalisation des comportements liés à la santé, et ces valeurs sont susceptibles d’entrer en conflit. Il convient d’être bien outillé pour gérer les conflits éthiques qu’elle alimente !
MASSÉ Raymond, SAINT-ARNAUD Jocelyne (2003). Éthique et santé publique. Enjeux, valeurs et normalité. Québec : Les Presses de l’Université Laval.
MASSÉ Raymond (1995). Culture et santé publique.
« Culture et santé publique » est le livre que l’on vous remet comme la Bible au catéchumène, quand vous commencez des études en anthropologie de la santé. C’est effectivement un manuel intéressant à consulter pour connaître notamment les principes les plus classiques de la discipline. On lit aussi dans cet ouvrage une tentative de mettre le quantitatif et le qualitatif à leur juste place l’un par rapport à l’autre, l’un avec l’autre, voire l’un dans l’autre… La question est des plus intéressantes.
MASSÉ Raymond (1995). Culture et santé publique. Montréal : Gaëtan Morin, 499 p.
OLIVIER de SARDAN Jean-Pierre (1995). Anthropologie et développement.
Voici un autre exemple d’une anthropologie qui se veut une critique des actions de santé publique et du développement. Il en ressort une tentative d’anthropologie appliquée qui aimerait contribuer à améliorer la qualité des services proposés aux populations. L’approche est très distanciée, mais elle a le mérite de se risquer à une intention de collaboration entre les sciences humaines et les acteurs du développement sur le terrain.
OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre (1995). Anthropologie du développement. Essai en socio-anthropologie du changement social. Paris : Karthala, 221 p.
ROY Bernard (2002). Sang sucré, pouvoirs codés, médecine amère. Diabète et processus de construction identitaire : les dimensions socio-politiques du diabète chez les Innus de Pessamit. Québec : Les Presses de l’Université Laval, 247 p.
WILKINSON Richard, PICKETT Kate (2013). Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous.