Anthropo/Philo - Accès aux soins
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BARBOT Janine (2002). Les malades en mouvements. La médecine et la science à l’épreuve du sida.
Ce livre présente un des premiers travaux sur l’activisme thérapeutique en France dans le contexte des deux premières décennies de l’épidémie du sida. Il présente la manière dont les associations de lutte contre le VIH sont parvenues, au-delà de leurs divergences, à s’imposer comme interlocutrices incontournables des acteurs du monde biomédical et à influencer le cours des innovations thérapeutiques.
BARBOT Janine (2002). Les malades en mouvements. La médecine et la science à l'épreuve du sida. Paris : Balland, 307 p.
BOËTSCH Gilles, MACIA Enguerran, GUEYE Lamine, JAFFRÉ Yannick (2015). Santé et sociétés en Afrique de l’Ouest.
Ce livre collectif sera utile à ceux qui s’intéressent aux soins en Afrique. Il présente une description bien étayée et une bonne analyse centrée sur les domaines de la santé materno-infantile et nutritionnelle. C’est une sorte d’état des lieux. Et la situation est évidemment sinistre. Mais le constat de départ des auteurs interroge. Malgré le fait que la Banque Mondiale montre que la plupart de ces pays connaissent une forte croissance, « les conduites reproductives des populations et les modalités de prises en charge obstétricales semblent “résister” aux propositions sanitaires […] » (p. 20). Il y a dans ce type d’approche un genre de « on les aide, et qu’attendent-ils ? ». Un peu de réflexivité face à cette extériorité serait la bienvenue. Ben ça alors, ou va donc tout cet argent de départ ?! Il ne va pas dans l’amélioration du système de santé ?
BOËTSCH Gilles, MACIA Enguerran, GUEYE Lamine, JAFFRÉ Yannick (2015). Santé et sociétés en Afrique de l’Ouest. Paris : CNRS Éditions, 318 p.
BULTELLE Hélène (2014). Dépistage précoce du cancer du sein et socialisation primaire à la médecine.
On a bien aimé ce travail. L’auteur évoque l’histoire de Mme Parisse qui se découvre une « boule » au sein. S’en suit un parcours du diagnostic au traitement fort bien décrit. Le chercheur explique que la patiente s’est mobilisée dans l’enquête-diagnostic et qu’elle a fourni « un travail de malade » (p 76). Hélène Bultelle évoque aussi l’emploi du temps médical de la patiente. « La reconstitution des activités et des déplacements de Mme Parisse dans l’espace médical révèle des savoirs sur le fonctionnement du système de soins, sur la maladie » (p78), issus notamment de son milieu familial. Eh oui, bien utiles ces savoirs s’ils sont acquis pour faire le job de malade…
BULTELLE Hélène (2014). Dépistage précoce du cancer du sein et socialisation primaire à la médecine. In : PIERRE, Thomas. Autour du soin. Pratiques, représentation, épistémologie. Nancy : Presses universitaires de Nancy, p. 71-84
CREUSAT Laurence (2000). Gestion traditionnelle de la maladie et politiques de santé en Afrique du Sud.
L’auteur nous montre comment dans les années 1920, « le nombre de malades noirs attire l’attention, car il pose un double problème : le risque de contagion des Blancs et, d’un point de vue pragmatique, un danger pour la main d’œuvre disponible » (p. 83). Ouvrir la route du soin pour préserver l’ordre établi, intéressant ! Et Laurence Creusat se demande si la santé est une simple absence de maladie ou si elle peut également être vue comme une capacité de la personne à se relever d’une affection « pour instaurer un nouvel ordre ».
CREUSAT Laurence (2000). Gestion traditionnelle de la maladie et politiques de santé en Afrique du Sud. Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise Pascal, 273 p.
DESPRÈS Caroline (2013). Négocier ses besoins dans un univers contraint. Le renoncement aux soins en situation de précarité.
Voilà un article simple et bien conduit. Cécile Desprès mène une recherche sur les logiques de renoncement aux soins dans un contexte de précarité. Elle raconte l’histoire de Mireille qui, dans sa vie mouvementée, abandonne régulièrement l’idée de se faire soigner. Il y a le coût du soin, l’héritage familial du rapport à la santé, une faible estime de soi. Pour l’auteur, les renoncements persistent aussi parce que les individus se sont ajustés mentalement à ces situations : ils ont trouvé des solutions alternatives qui perdurent.
DESPRÈS Caroline (2013). Négocier ses besoins dans un univers contraint. Le renoncement aux soins en situation de précarité, Anthropologie & Santé [En ligne], 6 | 2013, mis en ligne le 27 mai 2013, consulté le 06 février 2014. URL : http://anthropologiesante.revues.org/1078
DRUHLE Marcel (1996). Santé et société. Le façonnement sociétal de la santé.
Marcel Druhle tente dans cet ouvrage de déterminer les mécanismes et les processus sociaux à travers lesquels la santé est socialement façonnée dans l’inégalité de sa distribution. Il cherche à rendre intelligible les emprises de ce qu’il appelle l’inertie sociétale sur la société, à savoir une certaine reproduction et une certaine perpétuation sociale. Il est bon de montrer que les enjeux de santé publique ne sont pas seulement réductibles au mode d’organisation des soins ni à leur mode de financement.
DRUHLE Marcel (1996). Santé et société. Le façonnement sociétal de la santé. Paris : PUF (« Sociologie d'aujourd’hui »).
EPSTEIN Steven (2001). Histoire du sida. 1. Le virus est-il bien la cause du sida ? 2. La grande révolte des malades.
Cet ouvrage compte deux volumes. Le premier analyse la construction des connaissances scientifiques dans un contexte politisé. Il montre notamment comment les hypothèses sur l’origine du sida deviennent recevables dans le monde scientifique, non pas sur la base de leur plausibilité intrinsèque, mais du fait de la légitimité de leurs promoteurs. Le deuxième volume évoque la lutte pour un accès large aux traitements, lancée par le monde activiste… Une histoire-école sur la thématique d’accès aux soins.
EPSTEIN Steven (2001). Histoire du sida. 1. Le virus est-il bien la cause du sida ? 2. La grande révolte des malades. Paris : Les Empêcheurs de penser en rond.
FERREIRA Jacqueline (2004). Soigner les mal soignés. Ethnologie d’un centre de soins gratuits.
L’auteur prend pour point de départ de sa recherche l’observation d’un lieu atypique dans le paysage du soin en France : le centre de soins de l’association Médecins du Monde à Paris. Elle explore la gestion par les équipes bénévoles d’une population hétérogène, les « mal soignés », principalement des étrangers en situation irrégulière. Entre intervenants et bénéficiaires se révèlent difficultés et ambiguïtés de l’articulation du sanitaire (traiter, réparer) et du social (écouter, informer de ses droits, prendre en charge, orienter)…
FERREIRA Jacqueline (2004). Soigner les mal soignés. Ethnologie d’un centre de soins gratuits. Paris : L’Harmattan, 387 p.
FOURNIER Cécile (2014). Concevoir une maison de santé pluri-professionnelle : paradoxes et enseignements d’une innovation en actes.
Cet article met en avant les enjeux autour du concept des maisons de santé. Il souligne les motivations des leaders au départ, les réactions du monde institutionnel au projet et les nécessaires opérations de traduction qui en découlent. L’auteur nous interroge sur notre volonté de « travailler ensemble » et de « modéliser de nouvelles pratiques ». Un texte simple et efficace pour nous mettre en réflexion.
FOURNIER Cécile (2014). Concevoir une maison de santé pluri-professionnelle : paradoxes et enseignements d’une innovation en actes. Sciences Sociales et Santé, juin 2014, vol. 32, n° 2, p. 67-96.
GAGNON Éric, SAILLANT Francine (dir.) (2000). De la dépendance et de l’accompagnement. Soins à domicile et liens sociaux.
Cet ouvrage aborde la question de la dépendance et de sa prise en charge. Les auteurs analysent les pratiques d’aide et de soins à domicile des intervenants qui œuvrent au Québec, soit de manière bénévole, soit dans des organismes privés ou des centres de services communautaires. Ils illustrent là les réorganisations de la société moderne, tant du point de vue politique, que de celui de la famille.
GAGNON Éric, SAILLANT Francine (dir.) (2000). De la dépendance et de l’accompagnement. Soins à domicile et liens sociaux. Paris et Québec : L’Harmattan et Presses de l'Université Laval, 232 p.
GOMEZ-TEMESIO Veronica, LE MARCIS Frédéric (2017). La mise en camp de la Guinée. Ebola et l’expérience postcoloniale.
Voilà un article intéressant sur la gestion de l’épidémie du virus Ebola en Guinée en 2014. Les auteurs interrogent la notion de « forme-camp », où la violence des relations entre les autorités et la population prolongerait une situation postcoloniale plutôt qu’elle ne relèverait d’un évènement isolé et temporaire. Elle s’inscrirait dans l’histoire des politiques extractives fondées sur le classement des individus selon des échelles de valeur et la captation des richesses par quelques-uns. On conseille la lecture de ce tableau sec de l’Afrique contemporaine.
GOMEZ-TEMESIO Veronica, LE MARCIS Frédéric (2017). La mise en camp de la Guinée. Ebola et l’expérience postcoloniale. L’Homme, revue française d’anthropologie. avril/juin 2017, 222, p. 57-90
JAFFRE Yannick et OLIVIER de SARDAN Jean-Pierre (2003). Une médecine inhospitalière.
Dans ce livre, les deux auteurs s’appuient sur 1 000 entretiens enregistrés et plus de 500 séances d’observation, une sorte de puissance statistique anthropologique ;-) ! L’enquête est réalisée sur cinq capitales africaines et a pour objectif de montrer sans complaisance les insuffisances des personnels de santé accueillant les malades, et l’ambition de fournir à ces soignants une méthodologie pour améliorer leur pratique de l’intérieur. On n’aime pas tout dans ce livre, notamment la rhétorique de la bienséance, mais c’est en tout cas un point de vue de l’extérieur qui éclaire de façon intéressante nos propres pratiques de soignants. Il est toujours plus simple de faire passer la critique par l’autre si lointain ! À lire !
JAFFRE, Yannick, OLIVIER de SARDAN, Jean-Pierre (2003). Une médecine inhospitalière. Les difficiles relations entre soignants et soignés dans cinq capitales d’Afrique de l’Ouest. Paris: Karthala, 2003, 642 p.
JANZEN John (1995). La quête de la thérapie au Bas-Zaïre.
Ce livre est un ouvrage important en anthropologie de la santé. Il aura contribué à l’affirmation de la discipline. Il montre l’enracinement social et culturel des prises de décision en matière de soin. Les individus chargés de l’organisation de la thérapie, ceux par qui l’on peut accéder aux soins, assurent la gestion d’un processus qui dépasse largement le cas individuel et sa manifestation clinique pour solliciter des vastes espaces sociaux. En route vers le pluralisme médical kongo !
JANZEN John (1995). La quête de la thérapie au Bas-Zaïre. Paris : Khartala, 287 p.
LOMBRAIL Pierre (2014). Les maisons de santé pluri-professionnelles : penser localement, agir globalement.
Excusez Pierre Lombrail, il n’est pas anthropologue, juste médecin de santé publique ! Mais curieusement, il raconte des trucs tout aussi intéressants ! Il soulève la question centrale des hiérarchies au sein des professions de santé. Il invite à un minimum de démocratie au sein des équipes de soins. Le médecin, lui, doit à la fois reconnaître les limites de sa capacité à agir et partager les tâches, tout en assumant son rôle de coordination. À lire !
LOMBRAIL Pierre (2014). Les maisons de santé pluri-professionnelles : penser localement, agir globalement ? Sciences sociales et santé, juin 2014, vol. 32, n° 2, p. 97-108
MONTEILLER Nicolas (2005). Le pluralisme thérapeutique au Cameroun. Crise hospitalière et nouvelles pratiques populaires.
L’auteur présente dans cet ouvrage son travail de thèse au centre du Cameroun. Il a le mérite de n’accorder aucun privilège ni statut particulier à une offre de soins plutôt qu’à une autre. Entre ceux qui soignent par les plantes en forêt et ceux de la médecine moderne, on retrouve pour chacun le meilleur et le pire. Mais le tableau dressé du Cameroun reste sombre, et Nicolas Monteiller donne ses solutions pour une nouvelle politique de santé.
MONTEILLER Nicolas (2005). Le pluralisme thérapeutique au Cameroun. Crise hospitalière et nouvelles pratiques populaires. Paris : Karthala, 262 p.
NIERI VASSALLO Laura (2016). Le refus de soins aujourd’hui : ses raisons et ses implications.
Voici un article intéressant qui fait la revue des causes de refus de soins, du fait de la culture, des représentations, du genre, du sang, des institutions. L’auteur conclut que « le refus de soins peut être considéré comme l’ultime outil pour les patients pour récupérer la maîtrise de leur corps, de leur personne et de tous les liens qui la composent ».
NIERI VASSALLO Laura (2016). Le refus de soins aujourd’hui : ses raisons et ses implications. Perspective soignante. n° 55, avril 2016, pp. 25-41